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Il donne l’impression du gamin grondé par sa mère après s’être battu. Il comprend bien qu’il a mal agi, qu’il lui faut baisser la tête. Mais il ne peut pas s’empêcher de répondre à sa maman qu’elle est injuste, parce que s’il a attaqué ce camarade, c’est parce qu’il avait dit du mal d’elle. Plus sa mère le gronde, et plus l’enfant se braque et plastronne.

Il y a un côté enfantin chez Alexandre Benalla. Il en convient, il a fait une “grosse bêtise”, mais c’était face à des méchants qui veulent du mal aux policiers et à la République, et donc à Emmanuel Macron.

Car Alexandre Benalla voit en Emmanuel Macron le plus grand des présidents de la République. Il veut pour lui le meilleur. Et il considère que pour assurer la sécurité du Président, aucun policier ou gendarme n’est à la hauteur.

Le meilleur, c’est lui.

Enfin, c’était lui. Puisqu’il a subi la pire sanction à ses yeux : ne plus être au Palais de l’Élysée, aux cotés du chef de l’État. Tout le reste est dérisoire, de la « po-pol, de la petite politique » pour « essayer d’avoir Emmanuel Macron ».

Sauf que le reste alimente un feuilleton politico-médiatique spectaculaire, rythmé par les auditions de la commission d’enquête du Sénat. Elle n’a pas le pouvoir de mener une enquête parallèle à celle de la justice, qui ne s’intéresse qu’aux événements du 1er mai. Au-delà de ces événements, les sénateurs veulent comprendre le rôle exact d’Alexandre Benalla à l’Élysée, simple chargé de mission dont les pouvoirs, missions et privilèges peuvent sembler démesurés.

Les sénateurs posent une question. L’attitude d’Alexandre Benalla face à leur convocation constitue une réponse. Il confie son point de vue à une journaliste de France Inter. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il exprime un mépris total vis-à-vis des sénateurs. “Ce sont des petites personnes, qui n’ont aucun respect pour la République Française et la Démocratie”. Quant à Philippe Bas, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’Élysée, il n’est aux yeux d’Alexandre Benalla qu’un “petit marquis qui a la possibilité d’exister dans les médias”.

Mais pour qui se prend-il ?

Cette remarque s’impose à la lecture de propos aussi présomptueux. “Dérive personnelle” tranche la ministre de la justice, Nicole Belloubet. Ce qui signifierait qu’Alexandre Benalla s’est cru, à tort,  investi de missions et de responsabilités qui ne relevaient pas de sa fonction à l’Élysée. C’est ce que s’efforcent d’expliquer les collaborateurs du Président actuellement interrogés par les sénateurs. Soit. Mais Alexandre Benalla, lui, a sincèrement cru à la primauté de sa fonction à l’Élysée. Sans doute parce qu’il a ressenti sa suprématie dans le regard des autres collaborateurs.

Il s’en expliquait avec franchise dans le Monde cet été : “À l’Élysée, tout est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’État”. Visiblement, Alexandre Beanalla a fait en sorte que chacun lui prête beaucoup, en profitant des lacunes de l’organisation interne. C’est là que sa dérive personnelle atteint Emmanuel Macron sur le plan politique. Comment le chef de l’État ne s’est-il pas rendu compte de la dérive mégalo de ce chargé de mission se prenant pour le Superman de la sécurité de la République  ?

Emmanuel Macron devra admettre qu’il ne sait pas tout. Il lui faudra faire preuve d’humilité, comme l’a réclamé récemment le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Message entendu par le président de la République qui affiche un profil plus humble en cette rentrée, disant croire à l’écoute et au doute sain.

“Je sais que je ne peux pas tout, et je sais que je ne réussirai pas tout” avait-il déjà dit lors de la réunion du Congrès à Versailles cet été. Le propos avait été couvert par le brouhaha Benalla.

L’élysée n’a aucune envie que ce vacarme couvre son positionnement de rentrée. L’onde de la victoire du renouveau en 2017 s’essoufle. La parole ne doit plus être bravache mais efficace.

Loin de l’Élysée, Alexandre Benalla n’a pas compris que le contexte avait changé.

 

Un commentaire sur « Benalla le prétentieux »

  1. Il y a quand même dans cette histoire insignifiante, mais qui témoigne quand même du caractère complètement monarchique de notre République, quelque chose comme un écran de fumée. Quand on voit tout ce qui sort et qui fait des dégâts majeurs, et quand on voit la masse des éditos journalistiques sur Benalla, on se dit que la fumée est épaisse…

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