
La question taraude nos esprits. Nous qui n’avons pas connu la guerre. Nous qui l’avons étudiée à l’école ou à travers les récits parcellaires de nos proches plus âgés. “On n’a su que plus tard,” disaient-ils.
Plus tard. L’expression pouvait renvoyer à plusieurs mois, plusieurs années, quand elle ne signifiait pas beaucoup plus tard, à la fin de la guerre. Qu’aurais-je fait à sa place ? Aurais-je compris l’ampleur de la catastrophe à venir? En 2018, en France, les actes antisémites ont progressé de 69%. Nous savons donc.
Nous savons que des juifs ont été assassinés en France uniquement parce qu’ils étaient juifs. Nous savons à quoi peuvent mener la passivité, l’indifférence et la lâcheté quotidienne. Nous savons la haine abritée par l’anonymat des réseaux sociaux, version moderne de la délation anonyme. Le gouvernement envisage de lancer un “chantier législatif”sur ce fléau en 2019. Enfin.
Mais nous savons aussi que la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie passe par chacun d’entre nous. A chaque remarque, à chaque acte marqué par la stigmatisation de la différence. Parce que nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.