
Vraies ou fausses, la diffusion massive d’informations sur les réseaux sociaux s’appuie sur deux recettes règles simples.
1/ susciter très vite un très grand nombre de partages,
2/ amener les “influenceurs” à commenter ces infos, que ce soit en bien ou en mal.
Par exemple, sur Twitter, il convient de très vite provoquer beaucoup de RT, et de citer un maximum d’influenceurs, politiques ou journalistes. Lesquels finiront par réagir à cette information en lui accordant indirectement un statut d’information notable. Ce qui ne signifie pas qu’elle est fiable, mais lui donne de l’importance.
Evidemment, pour un particulier, tout juste équipé de son smartphone, de ses deux pouces, et d’un réseau modeste, ces deux objectifs ne sont pas simples à atteindre. Mais pour qui dispose d’un programme informatique bien conçu, un “bots” ou robot capable non seulement de diffuser des contenus comme un humain, mais aussi d’analyser et de cibler les destinataires en fonction de leur comportement, voire de leur crédulité, il est possible d’influencer le cours de l’information.
Ces faux comptes, gérés par ces programmes informatiques, génèrent un volume de diffusion qui alloue une forme de légitimité à des informations non sourcées, non vérifiées. Plus elles se propagent, plus elles deviennent vraisemblables.
Une étude de l’Université de l’Indiana, réalisée en 2016 à l’occasion de la campagne présidentielle, estime ainsi que 6% de faux comptes ont généré 31% de tweets peu crédibles, et 34% des articles dont les sources sont peu fiables sur les réseaux sociaux. Elle repose sur l’étude de 14 millions de messages, et 400 000 articles partagés.
Cette étude confirme ce que chacun pressent au doigt mouillé. Plus une information est surprenante voire choquante, mais presque plausible, plus elle est partagée via les réseaux sociaux. Qu’il s’agisse de la répercuter pour s’en indigner ou s’en féliciter, le volume est perçu comme un gage de véracité. “Les gens ont l’air d’avoir davantage confiance dans les messages qui semblent provenir d’un grand nombre de personnes” remarque Giovanni Luci Ciampaghia, l’un des co-auteurs de cette étude citée par l’AFP. La quantité prime sur la qualité. Cent personnes affirmant une erreur apparaissent plus crédible qu’une seule affirmant l’inverse. Qui peut prétendre ne jamais être tombé dans ce piège?